Une leçon de leadership venue du XVIème siècle, vous y croyez ? Ou comment Le Tintoret commença sa fabuleuse carrière.

Naitre en Avril 1518 à Venise, dans la famille d’un teinturier.
Recevoir un surnom peu avantageux du fait de sa petite taille et de ses origines,
Faire une entrée tonitruante sur le marché de l’art vénitien dès ses 18 ans,
Nous offrir au passage quelques leçons,
S’appeler Jacopo Robusti,
Etre Le Tintoret, Tintoretto (1518 – 1594).

L’AUDACE DE VOIR GRAND, LE COURAGE DE ‘IMPOSER
Avant même d’être prêt techniquement, Le Tintoret se livre dès ses premières années à de grands tableaux audacieux. Qu’importe la technique encore imparfaite, l’art de la composition, l’envie, l’audace sont là. Il se jette dans la toile et livre ses premiers chefs d’œuvre. Sans souci de perfectionnisme, ce qui compte c’est d’avancer, d’explorer.

L’AMBITION D’EXISTER PARMI LES PLUS GRANDS
Dès ses débuts, leader fantasmé, son objectif est clair, exister, percer, devenir visible, ouvrir une nouvelle voie dans la peinture maniériste de la renaissance vénitienne. A 18 ans, il veut déjà exister, être reconnu, se faire une place parmi les grands. L’ambition et la détermination.

UNE VISION CLAIRE DE SES INSPIRATEURS
« Le dessin de Michel-Ange et les coloris du Titien » dit-il et il y travaille ardemment, améliorant sa main, travaillant l’art de la lumière, le clair-obscur. Voyez ses portraits des débuts, sublimes sur des fonds qui semblent si simples et pourtant travaillés dans une abyssale profondeur, des portraits simples, vrais, réalistes. De vrais humains.

L’ART DE S’ENTOURER DE TALENTS
Percer à Venise en pleine Renaissance, alors que de nombreux artistes ont déjà pignon sur rue, nécessite d’avancer vite, de produire grand et beaucoup. Le Tintoret investit, se dote rapidement d’un atelier et peint en équipe, avec les meilleurs. Il compose et délègue à ses assistants les pigments et une partie de la réalisation. Il ne s’approprie pas les toiles, ne les signe pas, laissant aux experts d’aujourd’hui le soin de dater et d’authentifier ces créations collectives.

INVENTER L’AVENIR
La principale caractéristique des œuvres de jeunesse du Tintoret est certainement l’envie d’inventer une façon à soi de peindre, plutôt que de se plier aux contraintes figuratives et normatives précédentes. Cette envie d’exister par lui-même à sa façon, avec sa propre spontanéité lui apportera le succès rapidement et la reconnaissance, de nos jours, de son rôle pivot dans la peinture de l’époque.

Audace, Ambition, Vision, Collaboration, Innovation. Confiance en soi aussi. Un concentré de leadership spontané, inspirant, vivant.

Cet article fut inspiré par l’exposition du Musée du Luxembourg, « Tintoret, Naissance d’un Génie », au printemps 2018

Merci à Carole Couturier, merveilleuse conférencière, chercheuse et conteuse.
Merci aussi à Sacha Schwarz, qui délaisse parfois ses pinceaux pour illustrer mes posts.